1. [Introduction]

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En Amérique, au début des années 70, les professionnels de la santé mentale, les politiciens, les forces de police, les médias et le public en général ont commencé à s’intéresser de très près à l’abus sexuel sur enfants, que nous noterons ici ASE. Peu à peu, cette préoccupation a gagné de nombreux pays dans le monde. Les médias, la presse populaire et les publications scientifiques ont généralement dépeint l’ASE comme une expérience particulièrement traumatisante, une " force destructrice pour la santé mentale de l’adulte ". Par exemple, dans le plus grand journal américain de psychologie clinique, les auteurs d’un article récent affirmaient qu' " il y a peu d’événements dont la capacité de traumatisme puisse être comparée à celle de l’abus sexuel sur enfant ", ce qui signifie en fait que rien, quasiment, ne peut être pire pour une jeune personne que de vivre ce type d’expérience. Quelques spécialistes de la santé mentale ont même tenté d’expliquer que la plus grande partie, voire la totalité des psychopathologies adultes sont la conséquence d’un ASE.

De l’avis général, on estime depuis ces vingt dernières années que l’ASE possède les propriétés de base suivantes :

il cause des dommages ;

il a une action profonde et généralisée ;

il a un effet négatif identique pour les garçons et les filles.

Suivant cette théorie, les propriétés de l’ASE sont les mêmes, que l’on considère des malades en thérapie (échantillons cliniques) ou non (échantillons non-cliniques). Ces dernières années, nous avons fait porter nos recherches sur l’étude des propriétés de base supposées de l’ASE.

La question que nous avons posée, et à laquelle nous allons tenter de répondre dans cette présentation, est la suivante : ceux qui ont connu l’expérience d’un ASE ont-ils subi des dommages psychologiques profonds et généralisés, quel que soit leur sexe ? Avant de parler de nos recherches, il est important de définir la terminologie employée. Le terme abus sexuel sur enfant a été utilisé dans les publications de psychologie pour décrire en fait toutes les interactions sexuelles pouvant avoir lieu entre des enfants ou des adolescents et des personnes sensiblement plus âgées, ainsi que des rapports entre enfants et adolescents du même âge lorsqu’il y a contrainte. Pour des raisons de validité scientifique, de nombreux chercheurs ont critiqué l’emploi indifférencié de ce terme, ainsi que ceux connexes de victime et d’abuseur note 2. Il a été noté que les chercheurs ont souvent omis de faire la distinction entre l’abus en tant que dommage causé à un enfant et l’abus en tant que violation des normes sociales.

On ne peut en effet tenir pour acquis que la transgression des règles sociales conduit à des dommages. Il a également été noté qu’en matière sexuelle, notre société a tendance à confondre ce qui est interdit et ce qui est dommageable. Il a également été dit que l’emploi inconsidéré de termes suggérant la force, la contrainte et le mal reflètent et confortent l’idée que ces rapports sont toujours dommageables, ce qui nuit à leur appréciation objective note 3.

Lors de recherches précédentes, nous avons démontré expérimentalement que les lecteurs de rapports scientifiques traitant d'interactions non-négatives entre adolescents et adultes sont influencés par l'emploi de termes chargés négativement, tels que "abus sexuel sur enfant" . note 4

Les problèmes posés par l'emploi du terme "abus sexuel sur enfant" apparaissent plus clairement si l’on oppose des cas aussi différents du viol répété d'une petite fille de cinq ans par son père, qui provoque sans aucun doute de sérieux dommages, et la relation sexuelle consentie d'un adolescent de quinze ans, mature, avec un adulte n’appartenant pas au cercle familial qui, bien que contraire aux lois sociales, peut n'impliquer aucun dommage.

En classant ces deux événements très dissemblables dans la catégorie unique d’abus sexuel sur enfant, on porte préjudice à la compréhension scientifique de chacun d'eux.

En gardant à l'esprit les inconvénients du terme "abus sexuel sur enfant", nous continuerons tout de même à l'utiliser car il est constamment employé par les auteurs des études que nous avons examinées. Cependant, nous mettrons ultérieurement en cause la validité de ce terme, lorsque nous aurons fait état de nos données et de nos analyses.

Cela dit, suivant en cela l'usage courant, nous définirons l'ASE comme une interaction sexuelle impliquant un contact physique ou pas (comme dans l'exhibitionnisme), entre un enfant ou un adolescent et une personne sensiblement plus âgée ou entre enfants /adolescents du même âge lorsqu'il y a contrainte.

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Les notes

  1. En France, on parle maintenant de viol pour toute relation avec un mineur de quinze ans impliquant une pénétration de quelque type que ce soit, même si le mineur est consentant ou instigateur (N.D.T.). [En arrière]

  2. En France, le nouveau code pénal a remplacé l’attentat à la pudeur – désuet mais qui avait le mérite de n’impliquer qu’une condamnation sociale – par agression sexuelle, qui introduit une notion de violence et de dommages même lorsque le rapport est consenti (N.D.T.). [En arrière]

  3. De même, les jurés d'assises, à la simple lecture de tels chefs d'inculpation, sont persuadés qu'ils ont nécessairement affaire à d'horribles violences, qui provoquent chez les victimes d'irréparables dommages. De ce fait, ils condamnent sans retour – et sans arrière pensée – les auteurs de ces actes (N.D.T.). [En arrière]

 

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