Un Compte-rendu de
A Meta-Analystic Examination of Assumed Properties of Child
Sexual Abuse Using College Samples
Bruce RIND, Philip TROMOVITCH, Robert BAUSERMAN
N'ayant les compétences requises ni en sociologie ni en statistique
pour nous permettre de juger de la valeur de cette étude, nous ne sommes pas à
même de nous prononcer à son sujet. Notons seulement que, si l'American
Psychological Association a cherché à prendre ses distances avec les
conclusions de ces auteurs, elle a réaffirmé la validité méthodologique de
l'étude.
1. Résumé
2. Liens
1. Résumé
Le résumé qui suit, rédigé initialement en langue allemande,
provient du site helvétique Arcados.
Traduction française par Sebastian.
« En juillet 1998 a paru dans le Psychological Bulletin, publication
renommée de l'A.P.A. (American Psychological Association) une étude consacrée
au thème de l'abus sexuel sur les enfants (Child Sexual Abuse – CSA). (1)
Dans le cadre de cette investigation, il s'agissait d'éprouver la rigueur
scientifique du concept de CSA en s'appuyant sur les quatre hypothèses qui y
sont généralement associées :
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le CSA entraîne des préjudices ; |
|
ces préjudices surviennent dans tous les cas ; |
|
il s'agit en l'occurence d'immenses préjudices ; |
|
les expériences des garçons et des filles abusés sexuellement sont
équivalentes. |
Les relations entre le CSA et les problèmes psychologiques ultérieurs ont
fait l'objet d'une analyse particulière. Pour ce faire, il a été procédé à
une étude "méta-analytique" – grossièrement, une étude
statistique portant sur des études disponibles. Le corpus utilisé consiste en
59 études réalisées auprès d'étudiants américains.
Pour ces trois auteurs, les Docteurs Bruce Rind, Robert Bauserman et Philip
Tromovitch, il s'agissait en l'occurence de la deuxième étude sur ce sujet.
En 1997, ils avaient déjà publié une étude méta-analytique similaire, qui
s'appuyait sur sept études portant sur la population générale.
Ces deux études devaient être un complément au long travail de recherche
des Dr. Bruce Rind et Robert Bauserman. Les précédentes études
méta-analytiques étaient insuffisantes sur de nombreux points. En vue de
clarifier ces points, ces deux études ont été menées avec l'aide du Dr.
Philip Tromovitch.
Le choix d'un corpus d'études portant sur la population étudiante était
motivé par plusieurs raisons. D'abord, elles donnent [sur ce sujet] une image
bien représentative de la population générale, ce que confirma la comparaison
avec la première étude. En même temps, ces enquêtes offraient une quantité
d'informations supplémentaires permettant d'étudier les conséquences
psychologiques [du CSA]. De plus, ces études avaient été menées de façon
très scrupuleuse sur la base de leur environnement ( ? Umfeld ) scientifique.
Les résultats de cette étude, résumés brièvement, on été les suivants
:
|
– Les données cliniques ne sont manifestement pas représentatives de
l'ensemble de la population. |
|
– Les rapports sexuels entre enfant et adulte ne sont de loin pas aussi
dommageables qu'on le suppose généralement. |
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– Le "CSA" n'est pas nécessairement nuisible. |
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– Les rapports sexuels peuvent être vécus positivement par les enfants. |
|
– Garçons et filles se distinguent ici de manière significative : les
garçons jugent manifestement plus positifs les rapports sexuels ou les
ressentent moins comme nuisibles. |
|
– Les rapports sexuels avec des enfants peuvent se révéler nuisibles, dans
certains contextes ; mais les graves dommages à long terme sont minoritaires. |
|
– Le recours à la violence, l'absence de consentement, les rapports
incestueux conditionnent de façon significative les réactions négatives et
les effets à long terme. |
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– Ni la durée de la relation sexuelle, ni la fréquence des contacts, ni la
présence de pénétration n'augmentent les réactions négatives pas plus que
les effets à long terme. |
|
– Les dommages constatés trouvent davantage leur explication par le facteur
"négligence familiale" que par celui de "CSA". |
D'où les auteurs tirèrent les réflexions et conclusions suivantes :
Le recours sans distinction à la terminologie du "CSA", dans tous
les cas de rapports sexuels, est erroné, puisque ce concept implique des
dommages individuels.
Une terminologie neutre devrait être utilisée dans les différents cas, comme
par exemple "rapports sexuels adulte-enfant" ou "rapports sexuels
adulte-adolescent".
Le concept de "CSA" ne devrait plus être utilisé que dans les cas
où des dommages sont apparus. » (2)
Notes
1 : Le terme abus sexuel ne faisant pas
l'unanimité en France, j'ai choisi de conserver la forme anglaise,
contrairement aux Suisses allemands du site Arcados. (Sebastian)
[De retour]
2. Le scandale que pourraient susciter de telles
conclusions ne doit pas faire oublier que celles-ci résultent d'une étude statistique.
Ce que précisent bien les auteurs : "Il importe d'ajouter que cette
analyse au niveau de la population évalue ce qu'est le cas typique et de ce
fait relègue dans l'ombre les cas individuels. Autrement dit, les résultats de
cette étude ne doivent pas être interprétés comme suggérant que le CSA ne
cause jamais de dommages aux hommes et aux femmes – les recherches cliniques
ont bien documenté, dans des cas spécifiques, que cela est possible. Ce que
supposent ces résultats, en revanche, c'est que les dommages potentiels liés
au CSA ont été surestimés pour la plupart des individus qui en ont fait
l'expérience." (Sebastian)
[De retour]
Résumé d'un autre étude
En guise de complément, toujours fourni par le site Arcados,
voici le résumé d'une autre étude méta-analytique par Bruce Rind et Robert
Bauserman, parue dans Pädophilie ohne Grenzen - Theorie, Forschung, Praxis",
édité par le Dr. Frits Bernard, pp. 213-234, ISBN 39222 57836. Traduction de
Sebastian.
« [Ce travail] est fondé sur neuf études précédentes réalisées dans
différents états des USA ainsi que dans d'autres pays (Australie et Puerto
Rico) : Goldman et Goldman 1988 / O'Neil 1990 / Finkelhor 1979 / Landis 1956 /
Schultz & Jones 1983 / Fischer 1991 / Haugaard und Emery 1989 / Fritz, Stoll
& Wagner 1981 / Sarbo 1989
|
Les avantages en étaient les suivants : |
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1. En ce qui concerne les USA, la majorité de la population interrogée
avait un niveau d'études universitaire. |
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2. Les renseignements fournis lors de ces études ont été anonymes. |
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3. Les questions étaient formulées de façon neutre. |
Résultats
Réaction à court terme :
Garçons
|
Seule une minorité des jeunes hommes ont jugé
négativement leur expérience (33%).
67% l'ont jugée neutre ou positive.
|
Filles
|
Une majorité de jeunes femmes a jugé leur expérience
comme négative (69%).
Seuls 31% l'ont jugée neutre ou positive.
|
Résultats importants
Les deux tiers des hommes n'ont pas vécu leur expérience comme
négative, tandis que les deux tiers des femmes si.
On ne doit donc pas transposer les réactions des filles à celles
des garçons.
|
Réaction à long terme :
Fischer 1991
|
28% des hommes ont aprécié leur
expérience,
contre seulement 5% des femmes.
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Haugaard et Emery 1989
|
33% des hommes jugent leur expérience
comme très positive,
contre seulement 4% des femmes.
|
O'Neil 1990
|
56% des hommes ressentent leurs
expériences précoces comme ayant été neutres ou positives,
contre seulement 31% des femmes.
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Schultz et Jones 1983
|
91% des hommes tiennent leur
expérience comme ayant été positive ou neutre,
contre seulement 53% des femmes.
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Finkelhor 1979, Goldman et Goldman 1988
|
L'appréciation masculine typique de
ces expériences est "neutre".
L'appréciation féminine typique est "négative".
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Résultat de l'étude concernant la contrainte :
La présence ou non de contrainte ainsi que le degré de libre participation aux
rapports sexuels a toujours une influence sur les suites de ceux-ci. En
présence de violence physique ou de menace, la réaction au rapport sexuel a
été plus fortement négative. Les garçons participent en général plus
volontiers que les filles. Goldman et Goldman (1988) rapportent que seulement
14% des hommes, pour 58% des femmes, ont déclaré avoir été contraints. La
meilleure disposition des garçons contribue à expliquer leur meilleure
assimilation de ces expériences.
Résultat de l'étude concernant l'inceste :
Les rapports sexuels avec des personnes de la famille sont généralement
associés à des conséquences plus négatives.
Résultats concernant la grande différence entre les réactions des
garçons et celles des filles :
Hommes
|
Femmes
|
Les hommes tendent à considérer ces
rapports précoces comme une initiation sexuelle.
|
Les femmes voient plutôt dans de tels
contacts une atteinte sexuelle.
|
Les hommes tendent à considérer ces
expériences sexuelles comme une aventure et comme la satisfaction à
leur curiosité.
|
Les femmes voient dans ces expériences
sexuelles une intrusion dans leur corps ou un outrage aux moeurs.
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2. Liens
L'étude publiée par l'A.P.A. a soulevé dans le monde anglo-saxon un
véritable vent d'indignation, qui a contraint l'American Psychological
Association à prendre ses distances avec cette publication. Si certaines
contestations sérieuses ont pu être formulées, la plupart des réactions
témoignent d'une rigidité intellectuelle extrême, d'un manque total de
détachement et d'objectivité, sans parler de tenaces préjugés moraux si
fréquents dans les milieux puritains : affligeant ! Ces gens semblent ne pas
avoir encore compris que ce n'est pas au moyen de tels emportements irrationnels
que l'on réfute une étude scientifique.
En France, toutefois, c'est à peine si l'on a pu entendre parler de cette
étude, pourtant ô combien dérangeante.
Dr.
Rind, Dr. Bauserman, Dr. Tromovitch ... wo die Freiheit der Wissenschaft endet
(Dr. Rind, Dr. Bauserman, Dr. Tromovitch ... là où cesse la liberté
scientifique)
Un résumé des principales étapes de la polémique, sur le site Arcados. En
allemand.
[ > Lien intern < ]
Despite
stir, sex-abuse study won't be reviewed
Un rapide résumé, en anglais, des événements, par Stacey Burling, in The
Philadelphia Enquirer, 17 novembre 1999. [Lien ne travaille pas]
NARTH (National
Association for Research and Therapy of Homosexuality)
De la part d'un site dont la vocation affichée est de soigner l'homosexualité,
l'on aurait pu s'attendre au pire. Pourtant, bien que nous soyions en désaccord
avec les thèses défendues par la NARTH et contestions la validité de certains
arguments, force nous est de reconnaître le sérieux avec lequel elle défend
ses opinions. Deux de leurs articles traitent de l'étude de Rind-Bauserman-Tromovitch
:
Thank
Heaven for Little Boys : The GOP makes a sexploitation play on the Hill
Cet article décrit l'exploitation politique par le Parti Républicain de la
réaction contre l'étude méta-analytique. Comme souvent hélas en politique,
c'est consternant.
Dr Laura's
Show Monologue
Le très médiatique Dr Laura Schlessinger s'exprime au sujet de l'étude
Rind-Bauserman-Tromovitch.
Si tous ses arguments ne sont pas absurdes, que dire de la façon dont elle les
présente ? Idiote ou démagogue ? Certains propos sont en effet des plus
inquiétants...
American
Psychological Association Under Fire for Child Sex Abuse Report
Le texte en lui-même n'est pas d'un intérêt particulier, les réactions des
lecteurs en revanche constituent une parfaite illustration du climat passionnel
qui a caractérisé ce "débat".
Lolita
Nation
Là encore, recours au passionnel : "It's as if all the research about the
trauma caused by adults having sex with children, all the testimony, all the
tears, all the rage, never existed", voire à un soupçon d'homophobie et
de paranoïa : "Yet, they don't differentiate between boys' reactions to
sex with a man and sex with a woman. "Doesn't that make you suspicious that
they have an agenda?'' Schlessinger asked. (Webmaster's Note: Just as suspicious
are those case/social workers, attorneys, magistrates and judges who support the
understanding of pedophilia!) As a matter of fact, it does." Décidément
bien court, en fait d'argumentaire.
The
Real Evil Among Us [> Lien
intern <] [Lien externe ne travaille pas]
Ce que pense SafeHaven de ce déchaînement médiatico-politique.
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